Pitblad d'Avril 2017 - Construirons-nous des ponts?

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Edito

CONSTRUIRONS - NOUS CES PONTS ?

Une année depuis les attentats ! Il y eut les peurs, les replis sur soi, les musculations aussi ; et nos vies se trouvèrent soudain propulsées dans un univers mettant à mal notre mode de vie.
Cet anniversaire donna l’occasion aux médias de s’épancher à grands coups de rétrospectives dont certaines méritent de s’attarder sur les enseignements qu’elles dégagent.
Celui que la RTBF diffusa le 7 mars dernier s’attachait particulièrement aux traumatismes endurés par quelques rescapés de la tragédie. Mais aussi par ceux qui, par hasard ou devoir professionnel, furent plongés dans l’horreur.
Tous les intervenants eurent les mots justes, porteurs de sens.
Comme ce jeune infirmier qui achevait ce matin même son stage d’urgentiste.
Face à l’apocalypse il dut prendre des décisions immédiates aux conséquences définitives.
Son témoignage émouvant et lucide, alors qu’il était confronté à une médecine de guerre bien éloignée de la théorie apprise, résumait cette charge devenue trop lourde pour lui.
Surtout lorsqu’il dut choisir entre son désir de prendre la main d’une vieille dame, à coup sûr condamnée, et l’accompagner dans ses derniers instants, mais qu’en même temps le métier lui imposait d’accorder ses soins au blessé voisin qui a, peut-être, des chances d’en sortir.
On pourrait épingler tant d’autres témoignages encore car tous sont importants.
Celui du jeune policier envoyé aux nouvelles et qui depuis n’arpente plus les quais du métro qu’avec appréhension.
Ou cet ambulancier redoutant parfois encore d’entendre la sonnerie de son véhicule.
Permettez-moi cependant de m’attarder sur celui de Cindy dont quelques lecteurs se souviennent sans doute car elle est l’une des filles de Godelieve Van Montagu bien connue ici.
Elle conduisait le métro qui suivait celui qui explosa à Maelbeek.
La porte de sa cabine s’ouvrit brusquement et la poussière envahit le tunnel plongé soudain dans le noir.
Comme la formation continue lui avait enseigné, elle se rendit sur les voies et coupa le courant.
Puis, aidée de quelques uns, elle fit descendre tous les passagers.
Avec sa torche elle prit la direction de la colonne qu’elle dirigea vers la sortie.
Mais, pour y arriver, il fallut se frayer un chemin parmi les décombres, les blessés, les cadavres et les débris humains. Depuis, elle n’a pas encore repris le travail.
Aucune des interventions retenues dans cette évocation n’était quelconque.
Bien au contraire! Il s’en dégageait, même au-delà de la détresse ou du sentiment d’abandon ressenti, une force énorme. Comme un hymne rendu à la grandeur face à la barbarie.
Les derniers mots revenaient à un journaliste de la RTBF qui avait perdu sa fille à Maelbeek.
Il parlait sur un pont enjambant le canal à Molenbeek. Calmement, sans haine, loin de tout clivage mais avec certitude, il disait: «Il faut multiplier les ponts…» Alors, question: participerons-nous à leur construction?
A propos ! Le feuillet distribué par les enfants à la sortie de la messe en familles du 12 mars allait dans le même sens.
Les dessins se terminaient par: «Cherchez l’éclat de Dieu présent dans le visage de l’autre».
Une autre façon de jeter des ponts.

Claude Eugène

Sommaire
  • Horaire des messes
  • Responsables Pastoraux 
  • Ils ne l’ont pas obtenu
  • Il était une fois
  • Goûter-spectacle 
  • Tribulations d’un étudiant beauvalois en Chine 
  • Théâtre au Pit 
  • A la douce mémoire 
  • Râlons... mais aussi Alléluia
  • Un timide mobilisateur 
  • Pit Bulles  
  • Nouveautés en Bibliothèque
  • Le Livre épinglé 

Calendrier Avril 2017