Pacem In Terris – Paix sur Terre
Fin de l’année passée, Jean Pire avait réuni notre petit groupe de lecteurs pour prendre des dispositions au cas où il ne serait plus capable de satisfaire à ses multiples activités dans notre communauté.
Ceci s’est malheureusement produit plus vite que prévu et depuis ce début d’année les décès et départs dus à l’âge ont encore réduit nos capacités et diminué le nombre de participants aux cérémonies religieuses. Cela m’inquiète et d’autres avec moi. Sommes-nous condamnés à constater
les faits, n’avons-nous plus la force de réagir ?
Certes notre communauté reste active dans de nombreux domaines sociaux et récréatifs. Le PIT est un endroit de rencontres fraternelles où l’on se sent bien et qui répond à beaucoup de demandes. Pourtant lors de sa fondation,
et ses statuts nous le rappellent, l’association du PIT fut fondée essentiellement dans le but « d’organiser le culte catholique mais aussi de promouvoir le développement de la personne dans un esprit "chrétien". Aurions-nous failli dans notre organisation du culte alors que nous avons
magnifiquement répondu à la demande sociale ?
Bien sûr la pratique religieuse se perd dans notre pays, bien sûr les jeunes ne sont plus attirés par la messe du dimanche. Toutefois ceci ne signifie pas que les jeunes ne sont pas en recherche de spiritualité ; les rencontres
de Taizé en sont la preuve et le souvenir du passage de Taizé à Beauval reste vivace. Cela signifierait-il que si la recherche de spiritualité est active en de nombreux endroits, chez nous, dans notre communauté, elle n’attire
pas ?
Beaucoup reprochent à la liturgie d’être raide, de freiner l’enthousiasme, d’être vieillotte. J’avoue d’être parfois désarçonné en préparant une célébration en tant que lecteur, de me demander comment fixer l’attention et
comment intéresser à certaines lectures. Et pourtant le concile Vatican II a rendu la liturgie au peuple en rétablissant la participation active de toute l’assemblée aux célébrations. Pour être populaire la liturgie doit
toucher tous les sens, elle doit développer parmi les participants l’appartenance à une communauté. Elle doit nouspermettre de faire passer un message tout autour de nous et manifesterce qui fait notre particularité. N’aurions-nous plus rien à dire ?
Oui bien sûr les lectures sont toujours les mêmes, oui elles se répètent tous les 3 ans, oui nous voudrions parfois en remplacer certaines par des textes plus modernes, Mais cela signifie-t-il que l’on ne peut exprimer aucune idée nouvelle et stimulante ?
Dans son livre « Le défi de Jérusalem », Eric-Emmanuel Schmitt nous incite à ne pas hésiter à moderniser, à actualiser les textes sacrés. « L’Evangile se prête à une interprétation constante. Il exige peu de la mémoire, beaucoup de l’intelligence. Il appelle à une lecture active ». Serions-nous devenu frileux et nous contenterions nous de la mémoire ?
J’ai introduit cet article en parlant de fraternité. Frère Aloïs de Taizé dit dans une de ses méditations « Faire grandir la fraternité cela peut nous conduire très loin mais cela commence à nos côtés, à notre porte. Dépassons des cloisonnements, échangeons avec ceux qui pensent autrement que nous». Notre assemblée vieillit, dans quelques années d’autres devront prendre
le relais. Faisons en sorte que nos successeurs ne soient pas obligés de fermer la porte, de déposer le bilan. Nul besoin pour cela de faire de nos célébrations une révolution permanente, mais suivons les principes énoncés par Vatican II, participons tous activement à nos célébrations.
Nous n’avons pas tous la capacité ou le temps d’animer une messe mais nous avons tous la possibilité de nous exprimer. Lorsqu’une célébration vous a déçu, dites-le nous, lorsque vous y trouvez matière à réflexion ou lorsqu’elle vous a mis le cœur en fête, dites-le nous aussi. Et surtout dites-nous pourquoi, et si possible donnez-nous des conseils ou des souhaits.
Notre nouveau pape promet d’être rassembleur , de ranimer les flammes défaillantes. Il dit aux jeunes de ne pas avoir peur de s’engager, il prie pour « la paix dans le monde » « Pacem in Terris » resterait-elle indifférente à cet appel ?
Jean-Paul Nachtergal
Soumis par Marc WATTEL le 14 juin 2025