L’extraordinaire est dans la profondeur de l’ordinaire
Pas mal cette réflexion ! Prendre le temps de découvrir la valeur de nos gestes les plus quotidiens et y rechercher du sens en constatant que nous agissons souvent de manière routinière. Prendre conscience p.ex. que ce que nous faisons du matin au soir a sa source dans le désir de faire vivre certaines valeurs, avec le souhait d’éduquer nos enfants correctement, de manger une nourriture saine et équitable, de veiller aux besoins de notre famille, d’entretenir des liens fraternels avec les personnes que nous rencontrons et avec qui nous vivons.
Il y a de par le monde des millions de personnes qui assument ainsi le quotidien en ne se posant pas trop de questions, mais qui le font le plus souvent parce qu’elles ont accepté cette merveilleuse responsabilité de fonder une famille, de travailler pour la nourrir et de construire une société basée sur certaines valeurs.
Redécouvrir le sens et la valeur de ces gestes redonne de la saveur et du scintillement à ce que nous faisons. La manière dont nous les faisons, avec nos qualités et nos faiblesses humaines, leur confère un accent enrichissant et original, souvent loin d’ailleurs des grands standards de perfection.
Qu’il s’agisse d’une peinture, d’un paysage, d’un visage, d’un chant ou d’une prière, notre enchantement ne dépend pas nécessairement d’une beauté absolue à atteindre, mais bien de quelque chose qui nous touche en profondeur, d’une œuvre ou d’un travail accompli avec difficulté et après de longs moments d’efforts, d’un contexte de vie ou d’une recherche de sens.
N’en serait-il pas de même pour notre foi au quotidien et nos assemblées dominicales ? Approfondir toujours plus notre foi en redécouvrant toute sa valeur et son sens, en nous laissant interpeller par la Parole de vie de Jésus, en ouvrant notre cœur à cette Parole et en accueillant sa tendresse et son amour. Dieu nous propose de faire alliance avec lui, de la renouveler sans cesse malgré nos faiblesses et nos difficultés pour nous faire redécouvrir toute la saveur et la liberté d’une vie transfigurée par son amour.
En chemin vers Pâques, nous sommes appelés par Dieu à répandre notre joie, notre foi et notre espérance et à laisser briller en nos yeux sa présence.
Notre ordinaire en aura pris des couleurs bien profondes et chatoyantes en prenant au passage un sacré coup de profondeur. N’est-ce pas tout simplement extraordinaire !
Pol Bréda
Voici quelques précieuses recommandations pour ce temps de confinement.
Lavez-vous les mains, mais allez pieds nus et embrassez la terre blessée.
Eternuez bien dans le coude, mais essuyez les larmes de ceux qui pleurent.
Ne voyagez pas en vain. Il est temps maintenant de rester immobile dans le monde et de se déplacer en nous-mêmes, à l’intérieur des espaces subtils du sacré et de l’humain.
Mettez aussi vos masques, mais faites-en la cathédrale de votre souffle, du souffle du cosmos.
Ecoutez également les infos qui parlent enfin de nous et du grand miracle jamais avéré :
‘Nous sommes vivants’ et mourir ne nous réjouit pas.
Pour chaque nouvelle infection, caresse un chien, plante une fleur, ramasse un mégot par terre, appelle un ami qui te manque, raconte une histoire à un enfant.
Maintenant que tout le monde compte les morts, toi, compte les vivants et vit pour raconter, concède le dernier instant seulement à la mort, mais jusque-là vis à l’infini, consacre-toi à l’éternel.
Andrea Melis