Pitblad de janvier-février 2023 en ligne
 

Questions d’avenir

En ces temps de flambée des prix de l’énergie, de crainte de désastre écologique, il ne se passe pas de jour sans que nous ne soyons contactés par téléphone pour investir dans de nouveaux moyens de chauffage ou de production d’électricité. Dernièrement le démarcheur terminait par cet argument massue : « Dans 15 à 20 ans vous profiterez pleinement de cet investissement d’avenir ». « Monsieur, » répondis-je, « ce jour-là j’aurai 102 ans, merci d’avoir confiance en mon avenir. » Silence sur la ligne...

Suis-je vieux ? Ne dois-je plus rien entreprendre ? Il y a de quoi avoir un coup de mou. Heureusement, hier matin, notre radio « La Première » commençait une étude auprès de la génération Zoomer. Vous ne connaissez pas cette génération ? Je viens de l’apprendre, c’est la génération des jeunes nés entre 1998 et 2010. Le premier interview commençait par la question « quand devient-on vieux ? ». Les réponses fusaient : 55 ans !, non 40 ! mais non à 30 ans ils ne nous comprennent déjà plus. Il n’y avait vraiment pas de quoi remonter mon moral jusqu’au moment où j’entendis : « On devient vieux quand on commence à parler des jeunes ». Non dit un autre « On devient vieux quand on cesse de s’émerveiller ». Paroles sublimes, dignes d’un vieux philosophe.

Cette année notre communauté Pacem In Terris aura 55 ans, ce que certains qualifient donc de vieux. Alors quel est notre avenir, en avons-nous encore un ? Si nous voulons continuer et rester un exemple autour de nous, une seule solution : émerveillons-nous, trouvons tout ce que nous avons de magnifique, cessons de nous plaindre en petit comité et surtout partageons ces merveilles. Que ce soient les activités religieuses, le foyer, la zumba, les joueurs de cartes, l’amicale, le théâtre... Communiquez aux autres l’enrichissement que procurent vos activités, montrez que vous aimez les pratiquer et que cela ne s’arrête pas à un petit cercle de convaincus. Utopie, non décision d’agir. Vous avez des idées, des joies, communiquez les moi, sur le site du PIT68 (équipe relais) ou à mon adresse mail jp.nachtergal@proximus.be . Je les répandrai avec plaisir, en respectant votre incognito si vous le désirez, et peut-être que dans 20 ans je fêterai avec vous les 75 ans du PIT.

                                          Jean-Paul Nachtergal

Pitblad de novembre-décembre 2022 en ligne

 

Cadeaux...
Hier, la tête remplie des habituelles mauvaises nouvelles du jour, je suis allé marcher dans le parc proche de la maison. Je marchais depuis moins de trois minutes quand j’ai surpris deux écureuils qui se couraient l’un après l’autre. Ce n’était pas la première fois que je surprenais un écureuil, mais, cette fois-ci deux ensemble ! Peut-être était-ce une femelle qui mettait un prétendant à l’épreuve ? Il suffit que je cherche à en voir pour ne pas en trouver. Alors, je considère leurs brèves apparitions comme un cadeau.

En cette saison, qu’y a-t-il de plus beau qu’un arbre paré aux couleurs d’automne et éclairé par un rayon de soleil. Avec ses feuilles jaunes, rousses et rouges, lorsque subsistent encore des branches habillées de vert sombre. Et cela éclairé sur un fond sombre. Comme c’est merveilleux et comme ça réjouit le cœur ! Cadeau.

Souvent, je croise un monsieur qui promène son chien. Sans doute avons-nous l’habitude de sortir à la même heure. Il est toujours seul avec son chien. Parfois, il est assis sur un banc, occupé à pianoter sur son smartphone ; son chien, tête levée vers son maître, attend patiemment qu’ils reprennent leur promenade. Aujourd’hui pour la première fois, nous nous sommes salués brièvement de la tête et il me semble avoir surpris un sourire de reconnaissance. Cadeau.

Peut-être une prochaine fois, partagerons-nous quelques mots ?

À mon tour de vous partager ces cadeaux tout simples qui éclairent mes journées.

                                             Jean Pire

 

 

 Pitblad de septembre-octobre 2022 en ligne

Tu sais ...


Tu sais combien les hommes sont petits, pauvres et seuls, combien faibles et vulnérables !

Tu sais qu’il y a des larmes que personne n’éponge. Tu sais qu’il n’y a guère de tristesse plus grande que celle d’un cœur qui n’est compris de personne.

Tu sais que pour certains la vie est une douleur insupportable. Sois ouvert et doux. Fais de ton mieux pour comprendre les hommes, les aider. Rentre dans leur souffrance, vers la vallée des hommes seuls et qui souffrent. Sois doux, et essaie de comprendre leur indicible nostalgie de bonheur dans leurs envies et désirs quelques fois insensés. Ainsi, tu seras heureux toi-même.

Ainsi, dans ta propre solitude et dans ta propre faiblesse apparaîtront de ces moments délicieux qui t’élèvent au-dessus du train-train quotidien de la vie.
Tu auras un cœur pour prendre tous les hommes dans tes bras et les embrasser.
Dans la douceur se trouve la consolation finale de tous les hommes qui vivent dans le froid de notre société glaciale, réglée par les téléphones portables et les ordinateurs.

Nous dépendons totalement les uns des autres pour la nourriture, l’habillement, la maison, le transport, le chauffage, les distractions, pour tout ce qu’on obtient « en payant ». Mais nous dépendons plus encore les uns des autres pour notre bonheur, et là rien ne s’obtient avec de l’argent.

Cela concerne le « cœur » et « l’amour » qui sont gratuits !


                                       Daniel Deschrijvere

Pitblad de mai-juin 2022 en ligne

« Réveillons-nous »...
ou l’histoire d’une machine à coudre !


Je porte le prénom de ma grand-mère, Joséphine. Et je lui ressemble un peu peut-être.
Elle avait 84 ans et elle téléphone à la maison en demandant qu’on vienne l’aider, elle avait très mal aux genoux. Maman appelle le médecin qui s’enquiert de ce qu’elle a fait la veille.
- J’ai cousu, docteur .
- Et qu’avez-vous cousu, madame ?
- Des petites robes pour enfants, pour l’Eglise de l’Est.
- Combien de petites robes ?
- 107, docteur.
Il faut dire que c’était son métier et qu’elle travaillait encore sur une machine professionnelle de sa jeunesse... une machine mécanique évidemment.
- Vous ne pouvez plus travailler avec cette machine, vos genoux ne le supportent plus.
Bien, attristée sans doute, elle attend le lendemain, la nuit portant conseil !
Et le lendemain, nouveau coup de fil : « Josiane, tu veux bien venir acheter une machine électrique avec moi ? ». Je n’ai pas hésité bien sûr et le soir même, il y avait quelques nouvelles petites robes pour l’Eglise de l’Est !
« Réveillons-nous » est le titre du dernier livre d’Edgar Morin, philosophe de 101 ans. Il doit être fait du même bois que bonne-maman et il réfléchit à l’urgence pour les humains de se réveiller. Un bouquin bousteur ! Se réveiller pour humaniser. Je crois avoir déjà lu cela quelque part ...
Dans les Evangiles ? Mais oui évidemment ! C’est le rêve de Dieu. Chacun de nous est appelé à y travailler... donc, REVEILLONS-NOUS !


                                                      Josiane Buxin

Pitblad de mars-avril 2022 en ligne

A Pâques ou à la mi-Carême

Vous souvenez-vous de cette chanson de Gilbert Bécaud évoquant le triste sort d’un prisonnier s’adressant à sa belle à propos de son quotidien et de son espoir fou de retrouver la liberté et la présence amoureuse de Marie ? Pour lui, ce sera sans doute à Pâques ou à la mi-carême, vague perspective de délivrance et de joie retrouvée.

A Pâques ou à la mi-carême, c’est n’importe quand, une perspective inespérée mais tenace et persévérante de retrouver enfin une vie normale, l’appel de tous ceux qui gardent l’espoir envers et contre tout malgré une vie malheureuse et problématique.

Évoquer Pâques ou la mi-carême n’est certainement pas anodin puisque ces fêtes évoquent des moments de résurrection, de rupture de jeûne, de fête et de carnaval. Pour nous chrétiens, il s’agit bien sûr de la résurrection du Christ, de sa victoire sur la mort, de notre résurrection au futur, base même de notre espérance, force agissante tout au long de nos vies personnelles. Moments de joie profonde, d’espérance folle à l’image du prisonnier de la
chanson. Encore un peu de temps et nous aurons la chance de revivre ensemble cette belle période de Pâques.

Comme le prisonnier de Bécaud, nous aspirons toutes et tous à vivre pleinement notre existence, délivrée des mille empêchements et soucis du quotidien, du train-train ou
du covid. Nous sommes peut-être parfois prisonniers, empêchés, mais il nous faut garder au fond du cœur la folle espérance d’être libéré, d’en finir avec notre peine, de voir refleurir les roses, de continuer à aimer à tort et à travers, de pouvoir s’embrasser sans danger, que ce soit d’ailleurs à Pâques ou à la mi-carême, ce sera parfait !

       Pol Bréda

Bonne nouvelle, voilà février !


Quel beau mois qui se présente à nous ! Pour donner le ton, il faut savoir que dans le calendrier républicain, février correspond à pluviôse, le mois des pluies. De plus, vers le 13 février, on remarque un refroidissement de la température. Les agriculteurs appelaient d’ailleurs cette période les ‘saints de glace’. Février doit être froid et pluvieux pour que les récoltes soient excellentes. D’où les dictons ‘Pluie de février emplit les greniers’ ou ‘Eau de février vaut jus de fumier’. Merci donc
pour la pluie et le froid ! De quoi se plaint-on ?
Rassurons-nous, dès le 2 février, pour nous réchauffer, nous pouvons manger des crêpes pour la fête de la Chandeleur. Nous avons droit aux crêpes car leur forme ronde et dorée rappelle le disque solaire, évoquant le retour prochain du printemps et de la chaleur. C’est la fête de la purification de la Vierge. En latin, ‘februare’ signifie d’ailleurs ‘purifier’. Quarante jours après la naissance du Christ, la Vierge vient au temple présenter, pour sa purification, deux tourterelles et deux pigeons. Ce jour là, on
organisait des processions avec des chandelles allumées, d’où le nom de Chandeleur.
Pour continuer à se réchauffer, voici la fête de la Saint Valentin
le 14 février où les couples s’échangent des mots doux et des
cadeaux et surtout des fleurs comme preuve de leur amour.
C’est un des meilleurs mois de l’année pour les fleuristes et les
restaurants ...
Autres bonnes nouvelles, les jours augmentent de manière sensible en février et c’est le mois le plus court de l’année. Nous serons donc bien vite en mars pour accueillir le printemps et un temps plus clément. Tout le monde l’espère !
Terminons en beauté avec la période de carnaval, fête populaire où l’ordre établi est complètement inversé. C’est un peu le monde à l’envers. Les gens y oublient leurs soucis en s’amusant avant d’entamer la Carême. On se déguise, on se masque pour vivre dans la peau de quelqu’un d’autre. C’est la fête de la fin de l’hiver et du début du printemps !
Vive donc février qui nous offre tant de bonnes choses et nous prépare à vivre le renouveau de la nature et la vie au grand air.
Marchez donc, dansez, chantez ! ‘Il y aura d’la joie dans les ruelles’, comme nous le chantait Trenet.
 

                                                        Pol Bréda

 

La vraie chance...

 

La vie est comme une loterie !
Beaucoup de gens croient avoir tiré le mauvais lot ; et ce qui est encore pire : ils sont persuadés que le voisin, qui est un peu plus «à l’aise» tient entre ses mains le bon numéro.
Et pourtant les lots ne diffèrent pas tellement !
La différence consiste dans la façon de regarder et la façon d’évaluer.
Et cela dépend de chacun.
J’ai déjà rencontré des gens infiniment différents entre eux.
J’ai écouté leurs secrets les plus profonds.
Jamais je n’ai rencontré une personne qui ait tiré «le lot», le «gros» lot du pur et parfait bonheur.
Ils avaient tous quelque part une chose qui les contrariait.
Les croyants appellent cela leur «croix».
Les indifférents et les non-croyants disaient «n’avoir pas de chance».
Parmi eux il y avait des gens qui, malgré la souffrance et bien
des misères, étaient restés gais et heureux sous le poids des difficultés et des contrariétés.
D’autres étaient abattus, révoltés et aigris.
Souvent ils avaient tous vécu la même chose et pourtant le résultat était si différent !
La vie est comme une loterie.
Mais cependant chacun peut y faire beaucoup.

                             Daniel Deschrijvere

 

Tous saints

« Le Royaume de Dieu, c’est quand tous les hommes seront heureux et sans crainte » disait Pierrick quand il avait environ 8 ans. Il avait tout compris !
En effet, reprenez le premier chapitre de la Genèse, 7 jours pendant lesquels Dieu crée. Chaque jour, il contemple son travail et « il vit que cela était bon ». Ensuite tout au long des récits bibliques, il cherche à nous apprendre comment être heureux jusqu’à ce texte qu’on lit le jour de la Toussaint :
Heureux les pauvres de cœur, les doux, les artisans de paix, ceux qui pleurent, les assoiffés de justice, les miséricordieux......
Être saint, c’est être ajusté au rêve de Dieu.
Êtes-vous heureux ?
Combien de fois nous posons-nous la question ?
Voir les scouts rentrer du camp heureux d’avoir vécu de peu, sous la pluie ou au soleil, peu importe, mais fraternellement.
Voir notre « troisième grand-mère », la voisine d’en face se réjouir d’assister chaque jour au bain de Cécile bébé de quelques mois, elle qui n’avait pas pu avoir d’enfant.
Voir la joie du public qui assiste au concert d’une chorale roumaine pour les habitants d’un bidonville.
Voir les invités se régaler du repas qu’on leur a préparé.
Êtes-vous heureux ?
Faire plaisir. Servir sans attendre un merci. Simplement sourire
.... Une utopie ?
Non, le rêve de Dieu que chacun de nous peut réaliser !

Josiane Buxin

 

Marée haute et marée basse

Une vie humaine est si étonnante, si incompréhensible !
D’année en année,
jour après jour tu te meus au milieu des hommes et des choses.
Certains jours le soleil brille et tu ne sais pourquoi.
Tu es joyeux.
Tu vois les beaux jours et bons côtés de la vie.
Tu ris, tu remercies, tu danses.
Ton travail avance. Tout le monde est aimable avec toi.
Tu ne sais pourquoi. Peut-être as-tu bien dormi ?
Peut-être as-tu trouvé un bon ami
et te sens-tu sécurisé ?
Tu voudrais faire durer l’instant de paix et de joie profonde.
Mais d’un seul coup tout est à nouveau changé.
Comme si un soleil trop brûlant attirait les nuages !
Tu es envahi par une sorte de tristesse
que tu ne peux expliquer.
A nouveau tu vois tout en noir.
Tu crois que les autres se désintéressent de toi .
Une futilité est une occasion pour te plaindre, râler,
jalouser et lancer des reproches.
Tu penses que cela durera ainsi,
que cette humeur ne changera plus.
Et à nouveau, tu ne sais pourquoi. Peut-être es-tu fatigué ?
Tu l’ignores. Pourquoi doit-il en être ainsi ?
Parce que l’homme est un morceau de
« nature » avec des jours de printemps et des jours d’automne,
avec la chaleur de l’été et le froid de l’hiver.
Parce que l’homme suit le rythme de la mer :
marée haute et marée basse.
Parce que notre existence est une alternance continue
de « vivre » et de « mourir ».

                                     Daniel Deschrijvere

 

Demain est à notre porte !

 

Oui, nous serons bientôt demain !

Les saints de glace sont passés : l’hiver est fini, bientôt l’été ; et avec les beaux jours nous reprenons goût à la vie. Tout nous y invite : les arbres reverdissent, il y a des fleurs partout et les oiseaux chantent dès que le jour se lève. Et au moment de rédiger cet éditorial j’apprends que l’on se dirige vers un vrai déconfinement grâce au progrès de la vaccination et peut-être pour d’autres raisons plus obscures. Évidemment il y a des conditions et il faut rester prudent mais la vie reprend. Comment allons-nous gérer cette liberté retrouvée ?

Pendant si longtemps nous avons été privés de vraies relations humaines, cachés derrière nos masques, sans nous toucher et parfois sans nous voir autrement que par écran interposé.

Quelle était encore cette vie ? N’était-elle pas devenue un simulacre de la vie ?

Déjà nous entendons des voix qui nous invitent à rattraper le temps perdu en compensant ce manque où nous avons été contraint par une frénésie de consommation. N’est-ce pas plutôt le moment de retrouver le bonheur de savourer chaque instant et ainsi redécouvrir de quoi est faite notre vie. Redécouvrir ce qui en fait vraiment le prix.

 

Passage pascal

T otale désolation en ce jour de sabbat !
O ubliées les annonces de renouveau ?
M ortes les béatitudes ? Perdu le combat ?
B arabas libéré et Jésus mort sur le poteau !
E nfuis, les apôtres, peureux et retranchés !
A u matin du troisième jour, au tombeau,
U ne surprise ! Elles, qui se sont dépêché :

O h ! La grosse porte de pierre a été roulée !
U n messager de blanc revêtu leur demande :
V enez-vous chercher ici celui qui est vivant ?
E ncourez-vous, allez à grandes enjambées,
R elatez aux apôtres, faites-en la propagande :
T oujours, en votre intimité, Dieu sera présent !

Selon Matthieu 28, Marc 16, Luc 24, Jean 20   

Jacques Renders