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Les non -dits d’une liste

A intervalles plus ou moins réguliers, selon l’espace disponible, le bulletin publie la liste des équipes avec leurs contacts. Cette page mérite l’attention parce que, en effet, elle prend le pouls de Pacem in Terris. Je vous propose de nous y attarder un peu. Car, parmi celles-ci, deux ne figurent plus sur la liste.
L’été a coïncidé avec la disparition de l’une, Vie Féminine, tandis que la seconde, Enéo, suivra à la fin de cette année.
Il faut cependant apporter un léger correctif à la première car, si ses activités ont cessé, elle poursuit la gestion administrative des «Sapins Verts» du lundi et de «l’Amicale» du mardi. Cela étant, on se posera légitimement la question de «que s’est- il donc passé»? La célèbre phrase de Shakespeare pourrait résumer la réponse en… «et le combat cessa, faute de combattants…» ! Voilà pour le constat mais allons plus loin dans l’analyse en nous reportant aux premiers pas de Pacem in Terris.
Lorsque qu’elle se constitua, elle reprit à son compte l’organisation des équipes telle qu’elle existait dans l’ancienne paroisse bilingue.
Comme ailleurs, et même plus sans doute en raison des conditions de sa création, la fréquentation des tentes d’abord, du bâtiment ensuite, arrivait presque à saturation.
La grande salle et la galerie affichaient complet tous les dimanches. Les équipes pouvaient donc compter sur cette végétation spontanée. Un des membres venait-il à quitter le groupe, son remplacement ne posait guère de difficulté.
Et même quand le départ concernait un responsable, le problème trouvait rapidement sa solution.
Il faut préciser qu’à cette époque, la grande majorité des épouses beauvaloises étaient mères au foyer.
Vie Féminine compta alors plus de 300 adhérentes avec des programmes adaptés pour les mamans («l’action jeunes femmes»). Grâce à son importance l’équipe organisait le maillage systématique des rues visitant les nouveaux habitants dès leur arrivée.
Mais ces dames prirent de l’âge tandis que la société évoluait avec, entre autres, le travail des femmes qui se généralisait. Avec, par voie de conséquence, les sollicitations constantes de leurs parents .
Et conjointement, comme un effet indirect de ces métamorphoses, la fréquentation dominicale se voyait peu à peu privée d’une grande partie de la génération qui précisément pouvait rentrer dans le jeu.
Point n’est besoin de s’y appesantir, chaque dimanche nous en apporte la preuve.
Aucune paroisse n’y échappe au point d’inciter l’Eglise de Bruxelles à étudier des réformes radicales, tant sur le plan cultuel (en réorganisant le découpage des paroisses quitte à fermer des lieux de culte) que matériel (Pacem in Terris servirait-elle de modèle?). Plus près de nous, notre Unité Pastorale vient d’entamer une réflexion sur «l’après» de Marc et Jacques. Car pour ne pas être pris de court mieux vaut s’y préparer.
Sans avoir l’air d’y toucher notre liste pose une autre question. Elle est fondamentale.
Aussi j’invite les lecteurs du bulletin à donner un âge moyen à l’ensemble des responsables qui y figurent et, par la même occasion, à compter le nombre de «casquettes» portées par chacun d’eux.
Nul doute que le verdict ne prêtera pas à un optimisme béat. Car, hormis les mouvements de jeunesse, le «triummuliérat» à la présidence des Foyers et le lancement ce mois-ci des cours de»zumba» pour seniors sous la houlette de Catherine, la «gérontocratie» semble quasi généralisée…
A moins que d’aucuns s’engagent et injectent du sang neuf pour pérenniser la belle aventure.
Bonne rentrée à tous.

Claude Eugène

Stationner au soleil, c’est…

J’ai deux mois pour « stationner au soleil », et non pas me garer dans un guêpier de querelles de toutes sortes, de soucis et de problèmes épuisants pour les nerfs !
Embellir mes journées ! S’enthousiasmer pour la lumière, pour l’amour, pour les hommes et pour les bonnes choses.
Voilà mon programme de vacances…

Daniel Deschrijvere

Un temps béni.

Que l’on ait choisi pour l’été un séjour à la montagne ou au bord de la mer, que l’on reste chez soi, ou que l’on voyage en pays étranger, il est bon de se rappeler que la période des vacances est d’abord un temps de vacance : non pas un vide où l’on s’ennuie et que l’on entreprend de combler de cent façons, en absorbant des nourritures, des images, des loisirs, mais une disponibilité, un accueil de l’imprévu et au nouveau.
C’est aussi le moment où chacun se vide, s’allège de ses peines et inquiétudes, dépose son fardeau avec confiance, se dégage de l’affairement quotidien. L’opposé d’une vie active n’est pas une vie passive  de spectateur ou de consommateur – mais une vie contemplative.
On passe de la paresse et du farniente à l’attention vive : tout ce qui apparaît, tout ce qui nous entoure mérite notre regard et nos égards. L’étonnement et l’émerveillement peuvent surgir.
Tous nos sens s’ébrouent, d’autant plus que nous cherchons moins à maîtriser, à accaparer : le regard se lave, l’oreille s’ouvre, l’odorat se purifie, le toucher retrouve sa délicatesse…
Nous allons vers des sensations subtiles, capables de réveiller notre âme, de la réjouir aussi.
Délivrés d’un emploi du temps strict, nous pouvons goûter l’instant présent.
Au lieu de nous projeter sans cesse dans le futur ou d’être happés par l’extérieur, nous avons la rare possibilité de retrouver une assise.
La présence à soi-même : « habitare secum », « habiter avec soi », selon la formule monastique.
C’est également l’occasion de retrouver l’esprit de simplicité, la fraîcheur de l’être.
Il est tant de plaisirs et d’agréments qui ne sont pas coûteux et ne nécessitent pas de moyens sophistiqués, comme de marcher dans la nature, de s’asseoir et d’écouter le bruit du vent, de ramasser des coquillages ou des cailloux, de converser avec des ami(e)s ou de saluer un passant, de se baigner dans une rivière, de faire un château de sable, de préparer un repas sur l’herbe, d’observer les insectes, de fredonner une chanson, de cueillir des fruits, de préparer des confitures…
Il suffit de le faire pleinement, avec attention.
Le temps des vacances est véritablement béni parce qu’il invite à la bénédiction.
Comment ne pas éprouver de gratitude envers la beauté du monde et son émouvante diversité ?
Devant les vagues inlassables ou l’impétuosité du torrent, sous le ciel étoilé ou les cimes enneigées, dans le froissement des blés ou l’odeur de la terre après l’orage, on est naturellement porté à la louange.

(Jacqueline Kelen, écrivaine : Revue « Prier », juillet-août 2007,p.30)

A l’écoute de notre diaspora

Il arriva le moment où ils sautèrent le pas et s’éloignèrent.
Le plus souvent leur décision, difficile à prendre, se justifiait pour des raisons familiales, le rapprochement avec le lieu de vie de l’un ou l’autre de leurs enfants en étant la principale.
Ainsi, çà et là, une diaspora beauvaloise se constitua petit à petit.
Elle concernait, dans la toute grande majorité des cas, des pensionnés encore alertes qui avaient porté, quelques années auparavant, les prémices de Pacem in Terris.
Les jeunes, quant à eux, étaient déjà partis pour des raisons sentimentales couplées ou non avec des exigences professionnelles.
En fait, cette photographie locale ne diffère guère des mouvements connus ailleurs parmi des populations que les événements réunirent et soudèrent.
Sauf que, chez nous, ils prennent des airs de diaspora. Et celle-ci a des choses à nous dire!
On la rencontre de temps en temps, le plus souvent à l’occasion du décès de l’un de ces anciens.
Je vous confesse qu’il m’a fallu attendre les funérailles de Jean Dewandre le 8 avril dernier pour que le déclic s’opère en moi tant sa réalité sautait aux yeux.
Déjà sur le parvis de l’église de Pétigny les affinités revenaient au grand galop, comme si on s’était quitté d’hier.
Elles se précisèrent encore, tant sur le chemin du cimetière que durant la collation de clôture.
Ceux que nous retrouvions n’avaient rien oublié de leur fréquentation du PIT.
Même les «jeunes» d’alors aimaient rappeler qu’ils bénéficient encore aujourd’hui des traces que cette époque a laissées en eux.
Bien sûr, comme toute diaspora, la nôtre a tendance à figer l’évolution sur le modèle de celle qui existait au moment des départs. Certes le bulletin, ils en sont friands et le lisent maintenant en ligne, tient ceux qui sont partis au courant de ce qui se vit ici.
Mais, n’y étant pas mêlés directement, ils ont tendance, et nul ne pourrait leur en tenir rigueur, de décrypter l’information en la rendant plus épurée par une analyse qui ne reflète pas tout à fait la réalité que les soubresauts de la vie en groupe peut rendre bien différente.
Mais, après tout, pourquoi n’en tirerions-nous pas l’une ou l’autre idée bonne à approfondir.
N’avaient-elles pas fait, en leur temps, la preuve d’une pertinence éprouvée?
Parmi elles, il en est une que l’auteur de l’article «Une page de notre histoire» rappelait dans le bulletin du mois passé.
Il évoquait «la tolérance des uns, la courtoisie et le fair-play des autres…».
Les membres de la diaspora mirent ces principes en œuvre lorsqu’ils vivaient près de nous au point d’en faire les fondamentaux de ce qu’ils ont construit.
Il nous revient de les entretenir pour qu’ils deviennent notre ADN. Et de les répandre autour de nous afin que la jeune génération, notre relève, puisse en connaître les bienfaits.
Et, tant qu’à faire, n’est-il pas urgent d’en être les porte parole en dehors de nos murs?
En apportant ainsi notre quote-part pour soigner les maux qu’endure notre société, voire des proches voisins peut-être?

Claude Eugène
 

Larmes de femmes

Chers lectrices et lecteurs attentifs, assidus et sympas
En ce joli mois de mai qui commence, en guise de page éditoriale, je ne pouvais m’empêcher de mettre les mamans et les femmes à l’honneur.
Mon épouse m’a fait découvrir un texte que je me suis décidé de vous faire connaître…

Daniel Deschrijvere

Un petit garçon demande à sa mère : « Pourquoi pleures-tu ? » Par ce que je suis une femme » lui répond-elle.
« Je ne comprends pas » dit-il. Sa mère l’étreint et lui dit « Et jamais tu ne réussiras. »
Plus tard le petit garçon demanda à son père « Pourquoi maman pleure-t-elle ? » Je ne comprends pas !
« Toutes les femmes pleurent sans raison » fut tout ce que son père put lui dire.
Devenu adulte, il demanda à Dieu : « Seigneur, pourquoi les femmes pleurent-elles aussi facilement ? » et Dieu répondit : « Quand j’ai fait la femme, elle devait être spéciale. J’ai fait ses épaules assez fortes pour porter le poids du monde ; et assez douces pour être confortables.
Je lui ai donné la force de donner la vie et celle d’accepter le rejet qui vient souvent des enfants.
La force pour lui permettre de continuer quand tout le monde abandonne.
La force de prendre soin de sa famille en dépit de la maladie et la fatigue.
Je lui ai donné la force de supporter son mari dans ses défauts et de demeurer à ses côtés sans faiblir.
Et finalement je lui ai donné des larmes à verser quand elle en ressent le besoin.
Tu vois mon fils, la beauté d’une femme n’est pas les vêtements qu’elle porte, ni dans son visage, ou dans la façon de se coiffer les cheveux.
La beauté d’une femme réside dans ses yeux.
C’est la porte d’entrée de son cœur, la place où l’amour réside.
Et c’est souvent par ses larmes que tu vois passer dans mon coeur   

« Auteur inconnu »

ET TOUT CELA DANS UNE EGLISE !!!

Lorsque vous lirez ce bulletin, l’équipe théâtre aura redonné à la salle son aspect habituel.
A ce propos, savez-vous que ce groupe fut crée en 1982 ? En 33 ans d’existence, et compte tenu d’une «année sabbatique» en 1991, elle a présenté sur cette durée , le même nombre de pièces.
Toutefois, en longévité, elle se fait battre sur le fil par le théâtre des enfants créé un an avant elle.
Le théâtre n’est donc pas un nouveau venu dans le paysage de Pacem in Terris.
Bien plus, dès le moment où les entrées dégagèrent des bénéfices, «Autre Chose» en mit, chaque année, une partie importante à la disposition de l’asbl pour l’amélioration du confort du bâtiment et particulièrement de celui de la grande salle.
Et comme les dates des spectacles coïncidaient avec celles du Carême, une belle initiative vint s’y ajouter.
Des dames eurent la bonne idée de vendre à l’entracte des sandwiches et des parts de tartes au point de prendre une place appréciable dans les beaux résultats affichés par le Carême de Partage en faveur de l’hôpital de Yasa Bonga en RDC.
Et c’est encore sans compter le chiffre réalisé par le Foyer qui refuse du monde durant les entractes (voire même après…). Ainsi, ne fut ce que sur le seul plan de la saine gestion générale, les activités théâtrales devinrent incontournables.
Et tout cela dans une église ?
Cette remarque a certainement envahi plus d’un de nos visiteurs dominicaux occasionnels.
Quant aux autres, et vous êtes de ce nombre bien sûr, ils ne s’en offusquent guère.
Ils ont la bonne attitude qui ne fait que correspondre à la réalité administrative.
Car notre salle n’est pas une église et la croix accrochée à la façade du bâtiment n’a pas valeur probante à cet égard ;
il s’agit tout bonnement d’une «salle polyvalente».
Entendez par là qu’elle peut être affectée à des usages divers, dont le culte, pour autant bien sûr que les statuts de l’asbl ne les excluent pas.
Cela étant dit, rien n’empêchera d’apprécier la grande ouverture d’esprit témoignée tant par les prêtres que les laïcs qui, certains dimanches, célèbrent dans un environnement pour le moins inhabituel.
Et comme aime le rappeler le concepteur du bâtiment, s’il n’en n’était pas ainsi, cette église serait la seule au monde pour compter dans ses murs un monte-charge destiné à y monter des bacs de bière…
Ce n’est pas une église, mais on y «fait église» de multiples façons même inattendues.
Là se cache l’une de nos richesses qu’il nous faut choyer comme le plus précieux des trésors.

Claude Eugène

Un grand moment de vie et de solidarité

«Convertis-toi et crois à l’Evangile». Pendant 40 jours, jusque Pâques, nous sommes appelés en effet à prendre du recul avec ce qui fait le quotidien de nos vies, à descendre en nous-même, à faire le point et à réajuster nos comportements afin qu’ils soient plus en harmonie avec ce qui est important pour nous, sous le regard bienveillant de Dieu et en nous laissant vraiment habiter par l’Evangile.
Cette période de Carême peut être un beau chemin de vie, un chemin qui tente de réorienter notre vie dans une
perspective d’authenticité, de cohérence, mais aussi et surtout de partage et de solidarité.
Se révéler à soi-même, révéler un sens à notre vie, se donner une direction et l’élargir aux dimensions de celles et ceux que nous rencontrons et qui ont peut-être besoin de chaleur humaine, d’écoute, de compréhension, mais aussi d’aide concrète.
Prendre conscience positivement de tout ce que nous propose ce temps de Carême n’est donc pas peu de choses.
Tout autour de nous, nous sommes aussi souvent invités à participer à des sessions de développement personnel, de relaxation, de weekends de silence, ... qui rencontrent d’ailleurs énormément de succès auprès de nos contemporains. Sans nécessairement les juger négativement, il serait peut-être bon de nous demander dans quelle mesure la lecture de l’Evangile pourrait nous fournir des clefs essentielles d’un renouveau pour nos vies et pour la vie de ce monde.
Donner du sens et une direction à notre existence humaine, mais aussi baliser des pistes pour passer à l’action, seul ou avec d’autres, au service de nos frères et sœurs souffrants ou persécutés, et le monde nous présente plus que jamais à ce sujet des perspectives innombrables …
C’est vrai, le chantier est vaste et les ouvriers sont peu nombreux, mais nous pouvons certainement, là où nous sommes et avec nos moyens, aider, soulager et réconforter.
Et l’aide que notre communauté apporte à l’hôpital de Yasa Bonga est tout-à-fait à notre portée, à portée de cœur et de réalisation.
Prendre nos frères et sœurs de Bonga par la main et faire tout ce que nous pouvons pour répondre à leurs attentes et à leurs besoins, ne serait-ce pas cela un des grands moments de vie et de solidarité de ce Carême ?

Pol Bréda

JE SUIS ...

Le slogan a envahi le monde en un déclic.
Tiens, à son propos, vous avez remarqué, sans doute, qu’il se conjugue à la première personne du singulier.
Et que son temps n’est ni le futur, ni le conditionnel et encore moins l’imparfait, mais le présent.
Alors dans sa foulée, posons-nous la question que cette affirmation semble supposer: me concerne-t-elle?
Même si très probablement, les lecteurs de ces lignes, comme son auteur du reste, n’ont jamais eu en mains le journal. Pas plus qu’ils ne connaissent les dessins des caricaturistes assassinés dans leur bureau, à Paris.
Eh bien oui, dans tout cela, J’en suis où? Le moment est venu, permettez-moi d’en écrire ma conviction pro- fonde, de faire en quelque sorte un état des lieux de mon esprit de tolérance, ce ciment indispensable au «vivre ensemble» tellement nécessaire dans la société que nous connaissons.
Et si ce bilan fait entrevoir des lacunes, il faut se convaincre qu’y remédier n’a rien d’anecdotique.
Au contraire, cette courageuse remise en question, surtout si elle se multiplie auprès d’un grand nombre, constituera un bouleversement réel dans le climat perçu par ceux qui, à tort ou à raison, se sentent «étrangers», alors qu’ils sont belges comme vous et moi pour la plupart.
Mais tout ce qui les entoure leur donne ce sentiment d’être exclus, voire dénigrés par des regards hostiles ou, le plus souvent, par des paroles (ah, ce prétendu humour qui envahit la toile) échangées entre soi.
La tragédie parisienne ME met, NOUS place devant MES, NOS responsabilités.
Chacun peut et doit agir, à son niveau, pour que de pareils actes ne se reproduisent plus.
Et JE, et NOUS pouvons y arriver par de multiples façons. Et cela existe. Un exemple…
En décembre dernier, les caméras du JT de la RTBF filment, en illustration du thème des difficultés rencontrées par ceux qui vivent à la limite ou sous le seuil de pauvreté.
La scène se passe dans un quartier d’une commune bruxelloise où habite une population appelée pudiquement «précarisée». Ce qui signifie que le moindre accident de la vie la pousse au bord du gouffre.
La crise l’y a amenée et ce qui s’annonce ne fera qu’aggraver les choses.
Or déjà, ces personnes, le plus souvent des familles, doivent chaque mois choisir entre le loyer, les taxes, le chauffage, les soins médicaux. Quant à la nourriture, il n’y a souvent pas d’autre possibilité que de diminuer les portions.
Et malgré tout, certaines semaines cette restriction qu’elles s’imposent est encore insuffisante.
Alors, il faut bien se résoudre à solliciter un crédit auprès du commerçant voisin, comme ce boucher que le journaliste interroge. Lorsqu’il lui demande s’il lui est arrivé parfois d’accepter un paiement ultérieur, il répond simplement:
« les achats de certains deviennent de plus en plus limités, alors un jour ils osent. Vous comprenez, ils ont quand même une famille à nourrir».
Et le journaliste de conclure par: « et quand serez-vous payé?». Avec un sourire le boucher répondit:
« plus tard, peut-être». Il me semble avoir aperçu le mot «hallal» affiché sur la vitrine…

Claude Eugène

Vitrail pour l’An neuf

Tu m’offres cette nouvelle année, comme un vitrail à rassembler avec les 365 morceaux de toutes les couleurs qui représentent les jours de ma vie.
J’y mettrai le rouge de mon amour et de mon enthousiasme, le mauve de mes peines et de mes deuils, le vert de mes espoirs et le rose de mes rêves, le bleu ou le gris de mes engagements ou de mes luttes, le jaune et l’or de mes moissons… Je réserverai le blanc pour les jours ordinaires et le noir pour ceux où tu seras absent.
Je cimenterai tout par la prière de ma foi et par ma confiance sereine en toi.
Seigneur, je te demande simplement d’illuminer, de l’intérieur ce vitrail de ma vie, par la lumière de ta présence et par le feu de ton esprit de vie.
Ainsi, par ta transparence, ceux que je rencontrerai cette année, y découvriront peut-être, le visage de ton Fils bien-aimé Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen. (Gaston LECLEIR,« Rythmes et spirales vers Dieu » Editions du Moustier -1995-pg 80) Que nous réserve l’année qui vient comme rencontres et partages ?
Ce ne sera certainement pas au PIT le déploiement de festivités et d’ambiances diverses qui manqueront de nous rendre plus disponibles à l’écoute de l’autre et peut-être du Tout –Autre …
Rencontrer l’autre peut nous rendre plus heureux et plus confiants en nous-mêmes.
Rencontrer le « Tout-Autre », nous renforce dans notre spiritualité.
Le choix nous est offert sans aucune discrimination et en toute liberté !
L’important est de se sentir bien, là où nous sommes, et avec ce souci d’être le messager de paix pour laquelle notre Communauté s’est construite… Bienvenue aux nouveaux membres et bonne continuation aux anciens…

Daniel Deschrijvere

UN MOT POUR LE DIRE . . .

D’aucuns ne manqueront pas de s’interroger! Compte tenu de son évolution, ne conviendrait-il pas de nommer autrement Pacem in Terris que par «communauté», mot auquel s’ajoute immanquablement, en sous-entendu souvent, le qualificatif de «chrétienne»?
Pourtant, un fait avéré, Pacem in Terris n’échappe pas à une diminution importante de la fréquentation dominicale.
A l’une ou l’autre exception près les assemblées sont essentiellement composées de seniors.
Certes, et l’on doit s’en réjouir, les messes en familles mensuelles atténuent ce constat.
Il n’empêche que la question soulevée plus haut mérite qu’on s’y attarde en la complétant, à titre subsidiaire, par une autre en se demandant s’il ne faudrait pas comme, en quelque sorte, débaptiser ce mot de «communauté»?
A défaut de pouvoir compter sur l’assistance d’un linguiste, aidons-nous donc de quelques dictionnaires (ils seront quatre). Ils s’accordent tous sur une définition présentée par «Le Robert» comme «… groupe social dont les membres vivent ensemble ou ont des biens, des intérêts communs».
On rattachera l’un ou l‘autre de ces trois éléments à certaines catégories de communautés comme les communautés religieuses, les communautés d’actionnaires, les communautés matrimoniales ou, plus récemment sur le plan sociopolitique, les communautés urbaines.
Il n’est donc pas erroné de parler de communauté lorsqu’il s’agit de PIT.
Mais n’allons pas trop vite en besogne en voulant conclure car correspondre à la définition suppose aussi qu’on en discerne ses contours.
La communauté telle que nous l’entendons est, en raison de sa composition même, de nature fragile.
On remarquera que le projet PITAGORA a, entre autres, pour objectif d’apporter à cet égard une consolidation.
Elle commence à se construire. Il faut dès maintenant se persuader de l’impérieuse nécessité d’y arriver malgré les difficultés.
Car si une certaine hiérarchie existe dans cette communauté (ah ces casquettes, souvent multiples, coiffant certaines têtes blanches!) elle repose exclusivement sur le service rendu à l’ensemble.
Cette hiérarchie entretenue par les habitudes porte en elle sa propre faiblesse dès lors qu’elle ne suscite pas une prochaine relève. En effet, celle-ci deviendra à bref délai une condition sine qua non à la pérennité d’un groupe et plus largement de la communauté dans son ensemble.
Sans pour autant sonner le tocsin il ne faut pas se voiler la face et constater que PIT rentre de plain-pied dans ce cas de figure. Mais, nonobstant ses faiblesses, la communauté telle que nous l’aimons recèle mille et une richesses.
L’une d’elles vient spontanément sous la plume tandis que la préparation du Noël XXL 2014 commence.
On y verra une mobilisation générale, toutes tendances et opinions confondues, pour célébrer dans un coude à coude fraternel la Fête qui vient.

Claude Eugène

Mourir est un chemin quotidien…

«C’est une erreur de croire que l’on ne meurt qu’une fois. Mourir est un chemin quotidien. Sans mourir, l’homme cesserait d’être un homme. »
Jean Debruyne
La « mort » ne nous est pas étrangère dans notre vie de tous les jours.
Elle est partout, dans nos choix, comme lorsque nous quittons père et mère pour construire notre propre route; comme dans notre travail, lorsque nous pensons trouver d’autres possibilités d’embauche ; comme, dans nos relations humaines, lorsque des circonstances imprévues nous conduisent à déménager, en quittant nos amis pour en trouver d’autres…
Ces formes de mort nous enseignent que tout est recommencement et que tout est possible.
Commencer à aimer c’est commencer à mourir. La mort nous vient avec l’amour…
A l’exemple de Jésus-Christ, mourir est une tâche qu’il faut accomplir.
Nous ne sommes que de passage sur terre. Apprenons à mourir si renaître c’est laisser derrière nous tout ce que nous avons apporté de meilleur. Nous n’avons aucune expérience de la mort qui arrête le temps.
Quand survient l’heure immobile, même la personne âgée ne pourra plus dire : « de mon temps… ».
Elle est, à cet instant, aussi inexpérimentée qu’un nouveau-né.
Or, suis-je assez libre, dans l’amour, pour réaliser la mort d’un autre comme un rappel de ma propre fragilité et pour anticiper ma mort à travers celle de l’autre ?
Mourir ne serait-ce pas l’appel à sortir de soi ?
A déposer ses certitudes, à libérer cet autre soi-même que personne ne connaît encore ?
Mourir est alors le contraire de la possession, de la jalousie, de l’instant, et du coffre-fort.
Mourir ouvre une brèche dans chaque existence. Et par cette brèche fait irruption l’Inconnu : à chacun est révélé ce qu’il est.

Daniel Deschrijvere

A MOINS QUE ? ? ?

Les rodomontades politiciennes dont nous ont gratifié les mois d’été prêteraient à sourire si, comme un contraste voulu, elles ne s’inscrivaient pas comme une forme d’indécence eu égard aux conflits qui déchirent la planète.
Alors que les images diffusées par les médias en donnaient des échos quasi quotidiens.
En culminant dans la plus horrible des barbaries par les assassinats des deux journalistes américains, et du travailleur britannique (à l’heure où je rédige ce billet cette macabre énumération risquait hélas d’encore s’amplifier), ces témoignages photographiques résumaient, plus que des commentaires qui finissent par les banaliser, les drames qu’endurent les populations civiles des pays en proie à la violence des hommes.
Comme celle de cette syrienne, tenant par la main ses deux enfants s’en allant sur une route improbable d’un exil; ou celle d’une femme de la minorité yazidi d’Irak, à bout de forces, portant son fils et fuyant les djihadistes de l’Etat islamique.
Et deux autres encore l’une prise à Gaza et la seconde dans l’est de l’Ukraine, avec pour chacune, comme si l’une n’était que la copie de l’autre, l’image d’un vieillard perdu au milieu des ruines de sa maison bombardée.
Qu’en dire et que faire sinon éprouver une compassion sincère envers les victimes ?
A moins que ??? Comme ce qu’écrivait cette jeune belge à l’issue d’une expérience vécue en Israël, dans un petit village au double nom, hébreux et arabe, Neve Shalom - Wahal-al-Salam, fondé par quelques familles de ces deux communautés. Elle concluait son témoignage en affirmant que le vivre ensemble s’apprend, que chez nous aussi il n’est pas absurde de penser que ce qui nous rapproche des gens qui nous sont différents est plus important que ce qui nous sépare.   Et de prôner encore la complémentarité plutôt que l’hostilité.
Car, terminait-elle, si nous n’essayons pas, qui le fera ? Ou comme Ahmed Ben Abderrahman; hôtelier dans le centre de Bruxelles.
Depuis plus de 20 ans il héberge parmi ses clients une quarantaine de sans-abri et, à cet effet, réquisitionne d’office 18 chambres parmi les 52 que compte son établissement.
Et durant l’hiver il distribue chaque jour. 130 repas. Pourtant il ne bénéficie d’aucune aide de l’état et avoue simplement que «leur apporter me comble largement».
Et quant à nous, nous pourrions déjà par exemple, à défaut d’ouvrir nos portes, commencer par ouvrir notre cœur ?

Claude Eugène